C’est une image assez peu commune. Des bulldozers mangent appartement après appartement comme on éventre un immeuble en pleine guerre civile. Il est des endroits plus symboliques que d’autres et ce n’est pas seulement l’attachement au lieu qui explique la tristesse de voir la barre tomber. C’était en deux mille seize, cours de la Rougearié.
Des amants se sont rencontrés à l’abri de ces toits. Des enfants ont joué sur ces parvis carrelés. Des agressions ne se sont pas faites comme on l’entendait. C’est un chantier qui a pris place là où jadis il y a peu on décorait même les poubelles. De la dispersion naît le chaos et c’est sans doute l’objectif silencieux d’une minorité de la population qui ne voulait pas qu’on fasse de bruit.
“Aussillon, ce n’est plus ce que c’était” se complaisent les abrutis et d’un âge d’or qui n’a pas été reconnu de son vivant on enterre déjà la hache de guerre en humiliant. C’est un trou béant. Dans nos cœurs comme sur terre, on panse ses plaies et on regarde ailleurs. Tout a été fait pour nous, il nous reste des mots pour le dire. Si le visage de la Falgalarié n’est plus, verra-t-on celui des attaques obscènes que nous avons vécu ? Car c’est aussi cela la Falgalarié, ce n’est pas qu’un lieu, c’est un esprit. L’esprit de la rébellion, de la révolte, de la lutte contre l’oppression ; l’esprit de la France à bien des égards.
Une opération de relooking arrivera-t-elle à sublimer une beauté intérieure qui se serait exprimée sans mal depuis ? En attendant, on lorgne sur les terres agricoles avec l’excuse d’avoir démoli les cités des pauvres. Pour qui ?
SG
L'absence de la barre d'immeubles vue depuis la RN 112
A savoir :
- marché : jeudi sous la halle
- Reflets & Rythmes : dernier samedi de juin